Chronique Réflexions
Possession des possédés
Il semblerait qu'au moment de notre mort, on doit tout laisser derrière nous: autant ce que l'on a fait que ce que l'on a été, et bien évidemment, tout ce que l'on a possédé au courant de notre vie. Donc, aucune relation, pas de réputation ou de trait de personnalité ne traverse de l'autre côté. Rien qui n'ait de valeur monétaire ou sentimentale. Pas même nos rêves ou nos accomplissements ou encore nos souvenirs de ceux-ci et ce ceux et celles que l'on a croisé ici-bas.
Si ce que l'on dit est effectivement vrai, nous devrons nous détacher de tout ce qui a composé notre expérience sur terre à la fin de notre incarnation actuelle. C'est peut-être pourquoi certaines traditions spirituelles propose de faire l'exercice avant le moment final, le moment fatidique. Mais par quoi et par où commencer? Eh bien, c'est ce que je vous propose de faire aujourd'hui en faisant un petit tour d'horizon de ce qui meuble votre vie.
«Il faut savoir mourir avant de mourir.»
- Auteur inconnu
Commençons par le plus facile, c'est-à-dire, le matériel. Alors, dites-moi... Êtes-vous attaché à votre appartement ou votre maison dans un beau quartier, votre voiture ou votre bicyclette qui vous permettent de vous rendre du point A au point B, ce nouveau gadget qui vous donne l'impression d'être connecté au reste du monde à tous moments, votre vieille guitare dans le coin qui vous rappelle vos heures de gloire ou vos petits trésors de voyage qui vous rappellent où vous êtes allé?
Parmi ces choses et toutes les autres que vous possédez, de laquelle ou desquelles pourriez-vous facilement vous départir? Combien de ces choses sont importantes dans votre réalité quotidienne? Combien pourraient être remplacées et combien pourraient simplement disparaître sans être remplacées? Combien d'entre elles vous causeraient du soucis si vous les perdiez? Avez-vous besoin de tout ça pour donner un sens à votre vie ou vous donner l'impression d'être en vie?Comment serait votre vie sans l'une ou l'autre de ces possessions matérielles?
Et qu'en est-il de votre partenaire de vie ou de celui ou celle dont vous rêvez pour vous accompagner sur le chemin de la vie? À moins que ce ne soit vos amis qui sont plus présents et plus importants pour vous... vos réseaux sociaux qui donnent un sens à votre solitude, votre petit chien qui vous aime sans poser de question, vos collègues avec qui vous partagez le plus clair de votre temps, vos parents qui sont trop éloignés ou peut-être trop présents?
Combien de ces choses possédez-vous et combien d'entre vous causeraient du soucis si vous les perdiez? Avez-vous besoin de tout ça pour donner un sens à votre vie ou vous donner l'impression d'être en vie? Ou ne serait-ce qu'une façon de retourner dans le passé où tout était mieux qu'ici et maintenant?
«C'est aussi une façon de posséder les autres que de leur faire des cadeaux.»
- Michel Conte
Êtes-vous attaché aux gens qui peuplent votre monde?
Était-ce trop de gens à qui penser et de qui s'inquiéter ou peut-être trop peu pour vous sentir aimer et important? Avez-vous également pensé à cette famille que vous ne connaissez pas ou à ce peuple à l'autre bout du monde qui a vécu un grand drame hier soir aux nouvelles?
«Curieux cette impossibilité de se détacher tout à fait des êtres que l'on a aimés, ce besoin de les retenir, de retarder désespérément le moment où ils ne seront plus rien pour nous.»
- Anne Bernard
Êtes-vous attaché aux rôles que vous jouez?
Et qu'en est-il de ces rôles que vous jouez au courant d'une journée ou d'une année? Celui de l'employé efficace sur qui on peut toujours compter, du parent sévère mais aimant qui se sacrifie plus souvent qu'autrement pour le bien de ses enfants, du grand frère protecteur, de l'étudiant qui fait rire sa classe, du voisin tolérant, du sportif de fin de semaine ou du citoyen qui revendique ses droits dans la rue lorsqu'il le croit important?
Qui êtes-vous si vous ne revêtez plus aucun de ces rôles que vous vous êtes fabriqué en cours de route pour vous faire du bien, pour faire du sens de ce qui n'en a pas toujours...? Combien de ce rôles pourriez-vous abandonné sans hésiter? Et combien de ces rôles souhaitez-vous encore vraiment jouer?
«Se libérer du connu c'est mourir, et alors on vit.»
- Krishnamurti
Et finalement, comment est vous rapport à vos valeurs comme celle de la famille, de l'argent, du bonheur... vos croyances, vos aptitudes, vos qualités (ou même vos défauts), cette histoire personnelle que vous avez fabriqué à partir de ce que vous avez vécu, l'identité que vous avez développé et renforcie au fil du temps, votre mission (si vous considérez en avoir une), votre vision d'un monde meilleur, votre façon de transformer la peur en amour ou je ne sais trop quoi...?
Je ne peux bien sûr pas répondre à ces questions pour vous, mais je peux par contre vous dire que chaque jour, à chaque rencontre, chaque fois où vous ouvrez les yeux, les oreilles ou la bouche, chaque fois que vous choisissez une direction et vous préparez à faire un nouveau pas... Tous ces gestes que vous avez déjà fait mille fois sont tous de nouvelles opportunités de vous réinventer, de vous refaire une identité, de changer et de vous libérer de vos attachements à ce qui était vous jusqu'à tout récemment.
Et vous, de quoi avez-vous su vous détacher au fil des ans et de quoi souhaitez-vous vous détacher maintenant, avant la fin de la journée, de la semaine ou de votre vie?
Olivier Turcotte
Coach personnel et Hypnothérapeute
514 831-9936
info@olivierturcotte.com
olivierturcotte.com
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