Chronique Réflexions
27 heures de pure fragilité
Il y a quelques années, j'ai eu le privilège de rendre visite à des amis qui venaient de donner naissance à leur premier bébé. Une toute petite fille fragile et, oh combien charmante, qui n'avait que 27 heures de vie au moment de ma visite à l'hôpital où elle était née la veille.
C'est là, pour la première fois de ma vie, que j'ai pu observer une si petite personne, un si petit être et de si près, un bébé presque naissant. Je me sentais hautement privilégié d'être là, à proximité de cette petite chose qui commençait sa vie ici-bas.
Même si l'heure passée en sa compagnie fut principalement une démonstration de son capacité à dormir sur le torse du papa, je me sentais privilégié d'assister à ses premiers mouvements, ses premiers balbutiements sonores, ses premiers spasmes et grimaces qui n'avaient rien de particulièrement spéciaux mais plutôt de précieux.
«Plus un objet nous devient précieux, plus il nous semble fragile.»
- Madeleine Ferron
Et bien que je croise des êtres humains tous les jours et que je connaisse pertinemment le développement humain, c'était là quelque chose de tout à fait particulier pour moi. C'était comme si je voyais un être humain pour la première fois.
Cette simple démonstration de vie à l'état pur était au-delà du beau et je ne saurais même pas comment la qualifier. C'était comme si l'existence sous cette forme n'avait aucune autre raison d'être que celle d'exister. Chaque seconde était nouvelle, chaque respiration, courte mais toute belle.
«L'Eternité c'est tiède, doux et ça serre très fort... C'est le poing de mon bébé enroulé sur mon pouce.»
- Patrick Sébastien
Même si je n'étais qu'un visiteur de passage et qu'il y avait beaucoup plus d'interactions avec les nouveaux parents qu'avec leur petite merveille, d'une certaine façon, j'avais l'impression d'accompagner celle-ci pendant cette 27e heure de vie, de lui offrir mon calme, le meilleur de mon énergie et ma bienveillance. Ma protection, quoi...
Et en même temps, lorsque j'y repense, je ne peux m'empêcher de constater que c'est plutôt elle qui m'a accompagné pendant ma Xe heure de vie et qui a donné du sens à celle-ci.
Parce qu'il s'agissait pour moi de ma 310 572e heure d'existence dont j'ai oublié la très grande majorité. Mais cette heure-là, passée en compagnie de ce petit être si fragile et si pur laissera certainement une trace spécifique dans ma mémoire.
«Les heures de bonheur, on les a pour la vie, mais les heures perdues ne se rattrapent jamais.»
- Didier Van Cauwelaert
Et vous, qu'est-ce qui marquera votre vie et entrera dans le royaume de vos souvenirs précieux dans les prochains jours?
Olivier Turcotte
Thérapeute
514 831-9936
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olivierturcotte.com
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