Chronique Réflexions

La fraternité des sans-maison

Lors d'un voyage dans les dernières années, je me suis rendu dans l'une des plus grandes villes des États-Unis. Et ce qui m'a marqué par-dessus tout, voire profondément touché et que j'ai gardé en souvenir, ce n'est pas les sites et monuments touristiques que j'allais visiter, mais bien la population de sans-abri...

Au-delà de l'évidente pauvreté, des vêtements sales, des visages foncés par la poussière et la surexposition solaire, des blessures mal guéries, des sourires hantés de caries, des jambes qui boitent et des montagnes de sac, il y avait quelque chose de spécial, quelque chose d'extraordinairement beau.

Ce que j'y ai vu et que je n'avais jamais vu ailleurs, c'était le coeur de ces gens, le regard bienveillant qu'ils portaient les uns sur les autres. Comme si la rue était devenue le théâtre d'une famille reconstituée par les circonstances de la vie, d'une fraternité comme on en trouve plus chez de purs inconnus. Une fraternité dans la rue que j'ai affectueusement baptisée la fraternité des sans-maison.

«Aime-moi lorsque je le mérite le moins, car c’est alors que j’en ai le plus besoin.»
- Proverbe chinois

Chaque jour, devant mes yeux, presqu'à chaque coin de rue, il y avait cet amitié, voire cet amour presque visible, d'un être humain envers un autre être humain qui n'avaient presque rien sinon cette volonté de prendre soin les uns des autres. Il y avait là de réelles relations humaines qu'on pouvait entendre dans une conversation parsemée de rires entre deux mendiants sur le même côté d'une rue ou dans le partage des dons recueillis par l'un d'eux avec les autres.

Et cette attitude bienveillante dépassait même le cercle ou le «club sélect» des sans-logis puisqu'un matin, pendant que nous attendions l'autobus en présence d'un homme pour qui l'abribus avait vraisemblablement servi de toit pour la nuit, une vielle dame est arrivée en poussant sa marchette et c'est cet homme qui, le premier, lui a offert sa place pour s'asseoir.

«La bonté est un amour gratuit.»
- Henri Lacordaire

Peut-être les astres étaient-ils alignés pour que je sois témoin de cette bonté, de cette fraternité, mais peut-être pas non plus. Peu importe puisqu'à la vue de ces scènes de bienveillances qui se répétaient soirs et matins, je n'ai eu d'autre choix que de réévaluer mon image des sans-abri qui, jusque-là, pour moi, étaient généralement tristes et désabusés. Mais pas sous mes yeux, pas à cet endroit, à ce moment-là.

C'était tellement beau à voir, émouvant et inspirant que je ne peux m'empêcher de souhaiter à tous les sans-abri du monde, mais également à vous qui n'avez heureusement pas ces problèmes matériels, de connaître ce type de fraternité dans votre vie et de vivre cette proximité d'âme et de coeur qui existe en cet endroit, entre eux... entre chacun de nous.

«De toutes les créatures terrestres, seul l'être humain peut changer ses attitudes et ses comportements. Seul l'homme est véritablement l'architecte de sa destinée.»
- William James

Et vous, quand avez-vous été témoin et inspiré par un comportement humain qui vous a changé? Et qu'aimeriez-vous faire pour tenter de changer le monde à votre tout autour de vous? C'est le temps de commencer...

Olivier Turcotte
Thérapeute
514 831-9936
info@olivierturcotte.com
olivierturcotte.com


Si vous avez aimé cette réflexion, vous aimerez peut-être celles-ci:

L'expérience du sourire
27 heures de pure fragilité
Le vieil homme sur mon chemin