Chronique Réflexions

Risquer le changement

FAIRE PEAU NEUVE
Peut-être avez-vous déjà vécu un moment où vous étiez intérieurement agité en prévision d'un changement majeur et éminent. Une période de notre vie où l'on a beaucoup de choses en tête, beaucoup de choses à penser et où le niveau de stress est particulièrement élevé. Beaucoup trop en fait et depuis bien trop longtemps.

Lorsque l'on a de très grandes décisions à prendre, le genre de décisions qui ont le potentiel d'affecter le reste de notre vie, on est tenté de les remettre à plus tard plutôt que les affronter, quitte à s'empoisonner l'existence. Le changement, quel qu'il soit, représente une mort certaine et le réflexe est de fuir la mort pour sauver sa peau. Mais parfois, le changement est inévitable...

Dans ces rares cas, pour sauver sa peau, il faudra vraisemblablement mourir à ce qu'on est, ce que l'on a été jusqu'ici. En fait, il faudra carrément changer de peau comme le serpent qui abandonne la sienne pour faire place à celle, toute neuve, qui « pousse » en-dessous. Pousse dans le sens de croître, mais aussi dans celui de se dégager pour faire de la place, de l'espace pour le nouveau... cette nouvelle peau.

Cette nouvelle peau étant beaucoup plus adéquate que l'ancienne, usée, qui a connu ses heures de gloire. Elle est plus jeune et plus fringante que celle qui, jusqu'ici, la protégeait des intempéries, mais qui maintenant l'empêche simplement de profiter de la lumière du soleil, de respirer le grand air qu'elle revendique et dont elle a besoin. Cette nouvelle peau, elle est prête pour la vie nouvelle et n'attend que d'être utilisée.

«Celui qui veut devenir ce qu'il devait être doit cesser d'être ce qu'il est.»
- Maître Eckart

UNE VIE NOUVELLE
Cette vie nouvelle, elle vient bien sûr à notre rencontre tous les jours au lever du lit. À petites doses, elle est là à chaque inspiration, à chaque expiration et dans l'interstice également. Et pourtant, on ne s'en aperçoit pas, on ne la voit plus. Il n'y a plus rien de nouveau dans une autre journée quelle qu'en soit sa couleur puisque du haut de mon âge vénérable, tout comme vous (oui, je sais, c'est discutable), j'ai déjà tout vu, tout vécu, tout entendu.

On vient vite blasé du connu. C'est d'ailleurs un autre mot pour parler de routine. On arrête très tôt d'observer et d'admirer ce qu'il y a devant nous chaque jour. On arrête de questionner nos choix et on arrête aussi de compter nos joies et d'en jouir parce que la répétition ne fait que tout aplanir. Nos bonheurs sont donc relégués au grenier (pour être mieux oubliés) dès que leur nombre dépasse celui de nos doigts de pieds.

Par contre, quand un changement majeur se présente, tout semble être redoré d'une identité, tout reprend vie parce que la peur de l'incertitude nous force à faire l'inventaire de nos acquis et de ce qui pourrait être perdu dans le processus. Tout doit être reconsidéré en prévision de ce changement qui nous attend : nos valeurs, nos responsabilités, nos attentes, nos espoirs, etc. Et le questionnement ne s'arrête pas là...

Qu'adviendra-t-il de moi quand le reste ne sera plus pareil? Comment survivrai-je sans ce confort auquel j'étais habitué? Comment pourrai-je affronter ce que je ne connais pas? Aurai-je les ressources nécessaires? Les autres me suivront-ils, m'aimeront-ils autant? Aurai-je tous les avantages de mes acquis jusqu'ici? Comment vais-je survivre à tant de changements?

«On ne peut pas espérer participer à la course sans troubler l'eau ni vouloir gagner sans faire de vagues.»
- Anonyme

POUR L'AMOUR DE SOI
On peut continuer à se poser des questions dans l'espoir que quelqu'un ou quelque chose vienne nous apporter des réponses, mais ce ne serait que leurs réponses et non les nôtres. Toutes nos questions ne trouveront malheureusement de réponses qu'une fois le processus enclenché et le boulier en action... sinon, une fois arrivé à destination.

On peut très bien demeurer sur le côté en regardant passer les opportunités, on peut retarder un changement à l'infini, on peut même l'éviter toute notre vie au risque de se réveiller avant la fin et de s'apercevoir qu'il est trop tard. On peut aussi attendre que toutes les conditions soient en place pour foncer, mais comme la vie est en perpétuel changement et tout à fait imparfaite, il y a très peu de chance que vous puissiez accumuler toutes les conditions... et en même temps.

Si après avoir soupesé le pour et le contre, on reste toujours sans réponse face à la chose à faire, il faut savoir alors se demander lequel des états suivants est préférable : 1) la situation précédente, connue, confortable, mais désuète, 2) la situation actuelle qui est essentiellement un entre-deux rempli d'incertitude et d'inconfort ou 3) le futur imprévisible et rempli d'espoir. Cette question peut paraître truquée, mais elle ne révèle que votre capacité à endurer plus ou moins longtemps votre lot.

En bout de ligne, il faut que cette décision nous reflète, mais non pas celui ou celle que nous étions, mais bien celui ou celle que nous voulons maintenant être. Et puisqu'il n'y a personne d'autre que nous-même qui subira ou bénéficiera autant du choix que nous ferons, il faut parfois se choisir soi et opérer ce changement pour l'amour de soi.

«Nous devons devenir le changement auquel nous voulons assister.»
- Gandhi

Olivier Turcotte
Thérapeute
514 831-9936
info@olivierturcotte.com
olivierturcotte.com


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