Chronique Réflexions

Shampooing de maringouins

On dit que le Bouddha, assis sous son arbre pendant des années, attirait à lui animaux, insectes et autres formes de vie et ce, en ne faisant rien d'autre qu'être en méditation. Les vaches, serpents, fourmis et autres représentants de la nature s'amenaient vers lui et y demeuraient souvent longtemps comme pour s'y reposer, baignant dans sa présence.

Au courant de l'été dernier, lors d'une chaude journée, j'ai moi aussi attiré une forme de vie: un vilain maringouin tenace et agressant qui me suivait partout, bourdonnant son incessant battement d'ailes dans mes oreilles. Bien sûr, j'étais en partie responsable de mon propre malheur: je m'étais lavé de la tête aux pieds dans l'heure.

«S'il suffisait de s'installer en position du lotus pour accéder à l'illumination, toutes les grenouilles seraient des bouddhas.»
- Louis Pauwels

Pour le maringouin qui me tournait autour de la tête, hypnotisé par mes multiples fragrances capillaires et corporelles, je n'étais qu'une belle rencontre dans sa courte vie. En fait, il désirait simplement s'abreuver à mon sang en me piquant comme lui et ses amis savent si bien le faire. J'allais être son joyeux festin en plein air!

Pour ma part, par contre, sa présence m'était plus dérangeante qu'autre chose. Ce maringouin était un possible assaillant, déclenchant en moi le réflexe ancestral de défense plus ou moins efficace qui consiste à faire des mouvements rapides et désordonnés avec ses bras dans l'espoir d'éloigner, de frapper et/ou de tuer la maudite bébitte.

«Une conscience troublée par les désirs ne peut se libérer. Une sagesse troublée par l’ignorance ne peut se développer.»
- Bouddha

Clairement, notre rencontre n'était pas un plaisir partagé. Ceci étant dit, il ne s'agissait là que d'une question de point de vue. Il avait son point de vue de maringouin et moi j'avais le mien, diamétralement opposés. Et c'est en réfléchissant à cette distinction que j'ai compris qu'il y avait un troisième point de vue possible d'où observer la situation: celui de la vie elle-même.

«Ce n'est pas nous qui vivons une vie. C'est la vie qui s'exprime à travers nous.»
- Eckart Tolle

À partir de cette nouvelle position, je pouvais maintenant voir cette rencontre entre lui et moi comme un minuscule moment dans la continuité de la vie et dans l'évolution du vivant sous toutes ses formes depuis la nuit des temps. Et comme un battement d'ailes de papillon, je réalisais que ce moment était à la fois insignifiant, mais totalement important... qu'il était unique et qu'il était parfait.

Je me suis ensuite surpris à penser (eh oui! c'était une de ces fois où l'on touche à cette réalité plus englobante), que tout dans la vie a sa raison d'être, même les pires irritants? Que tous les dérangements (qu'ils soient humains, situationnels ou autres), sont des façons qu'a la vie de nous faire grandir et de nous faire participer à la grande danse de l'équilibre et de cette harmonie qui nous échappe?

«Tous les êtres vivants sont bouddha et ont en eux sagesse et vertus.»
- Bouddha

On raconte d'ailleurs que l'arbre boddhi sous lequel le Bouddha s'était arrêté pour s'asseoir pendant toutes ces années se tournait au courant de la journée, suivant le mouvement du soleil afin de l'en protéger. Peut-être les animaux et autres insectes avaient-ils également une fonction ou un rôle à jouer dans le quotidien inanimé du grand homme prêt à s'illuminer… Qui sait?

Olivier Turcotte
Thérapeute
514 831-9936
info@olivierturcotte.com
olivierturcotte.com


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