Chronique Réflexions

Le mystérieux tunnel blanc

C'était il y a plusieurs années, par une belle journée ensoleillée de printemps. Je me souviens avoir quitté mon travail en plein milieu de l'après-midi en donnant une excuse vague afin de justifier mon départ précipité. Une excuse du genre de "je ne me sens pas bien" sans donner plus de détails... Parce que je ne savais pas vraiment ce qui m'arrivait.

Je me souviens du retour en autobus. Le plus pénible 30 minutes d'autobus que j'ai eu à faire de ma vie. Il n'était techniquement pas plus long que n'importe quel des deux autres voyages que je faisais chaque jour, mais je n'étais pas bien... vraiment pas bien. À l'époque, je n'avais d'ailleurs aucune idée que ce que j'étais en train de vivre se nommait une crise de panique.

«La souffrance a ses limites, pas la peur.»
- Arthur Koestler

J'étais donc dans l'autobus en pleine panique, ne sachant plus comment me tenir et où m'asseoir. J'avais des sueurs froides, des tremblements, des pensées affolées, fabriquant scénarios catastrophes sur scénarios catastrophes… Enfermé dans cet autobus qui me ramenait à la maison, j'étais en train de devenir fou, c'était certain.

Finalement, après ce qui m'apparut comme l'éternité de toutes les éternités, j'arrivai à destination, toujours en panique, mais quelque peu plus en sécurité psychologique. J'étais seul et je me réfugiai dans la pièce que j'avais dernièrement aménagée pour méditer. Mais je m'y réfugiai beaucoup plus pour prier que pour méditer.

«La prière commence où les capacités humaines finissent.»
- Marian Anderson

Après avoir formulé quelques demandes désespérées là-haut à je ne sais trop qui, je ne sais plus trop comment, je me suis concentré sur ma respiration. J'avais appris que la respiration avait des propriétés apaisantes parce que son contrôle affecte les organes comme le coeur (qui battait alors la chamade dans ma poitrine) en leur imposant un rythme nouveau, idéalement plus lent.

Je comptais donc les secondes de chaque inspiration puis de chaque expiration en essayant d'ajouter une seconde de plus à chaque cycle, histoire de donner de la profondeur et de la lenteur à ma respiration. Tout ça, pendant un bon 20 à 30 minutes durant lesquelles l'effet désiré commença à se faire sentir en moi, à me calmer progressivement. Finalement, j'y étais arrivé!

«Le vrai bonheur est dans le calme de l’esprit et du coeur.»
- Charles Nodier

Puis, toujours à profiter de ce calme bien mérité, mon attention, ma présence et mon être tout entier ont été absorbés par une mystérieuse vision qui se dessinait devant moi, à travers mes paupières fermées: celle d'un tunnel blanc. Ce tunnel, semblable à l'intérieur d'un cocon tout blanc et bienveillant, avançait vers moi pour m'englober, m'engloutir, m'avaler totalement.

Wow! Qu'est-ce que c'était? Aucune idée. Mais plus ce tunnel s'approchait et mieux je me sentais. J'étais soudainement investi d'un calme encore plus grand, d'une serénité que je n'avais jamais connue... absolue. J'avais l'agréable sensation de faire partie de tout ce qui existe dans l'univers et ma panique récente m'apparaissait comme un détail, une simple poussière.

«La foi défie l'âme d'aller au-delà de ce que les yeux peuvent voir.»
- William Newton Clark

Le tunnel blanc continuait de s'approcher de moi en m'offrant ses bienfaits, quand, à l'instant où j'allais être complètement englouti, la vision disparut, envolée dans le néant... me laissant là, assis, calme, pleinement conscient de ma propre présence dans ce monde et pleinement en accord avec tout ce qui est… parfaitement dans le moment présent. Comme j'étais bien...

Combien de temps cette expérience avait-elle duré? Je n'en avais aucune idée. S'agissait-il d'un rêve éveillé, de la réponse à mes prières faites plus tôt ou encore, du simple fruit de mon imagination? Peu importe! Je ne me questionnais pas parce que j'étais tout simplement bien et c'est tout ce qui importait à ce moment-là.

Aujourd'hui, en vous racontant cette histoire, je comprends qu'il y a des choses comme celle-là que l'on ne peut s'expliquer. On peut les mettre en mots, mais sans plus. Peut-être avez-vous d'ailleurs vécu quelques-uns de ces moments vous aussi. Et ce qu'il y a d'intéressant, c'est qu'ils se produisent habituellement lorsqu'on en a le plus besoin, tout simplement.

«Que ta vision soit à chaque instant nouvelle. Le sage est celui qui s’étonne de tout.»
- André Gide

Olivier Turcotte
Tthérapeute
514 831-9936
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olivierturcotte.com


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