Capsule d'Humanité

L'au-delà au fond d'une piscine

Elle n’avait que 8 ans. Elle était une belle petite fille pleine de vie, enjouée et souriante. Entre autres choses, elle était une excellente nageuse. Tellement que ses grand-parents avaient l’habitude de la laisser plus ou moins sans surveillance lorsqu’elle venait se baigner chez eux. Mais ce jour-là, dans le fond de la piscine, elle se noya. Personne ne sut jamais comment ni pourquoi, mais elle mourut peut-être en se cognant la tête dans le fond, peut-être pas.

Et lorsqu’elle mourut, elle fit le voyage le plus extraordinaire que l’on puisse faire et que, paraît-il, l’on fait tous un jour ou l’autre… mais normalement, seulement à la fin. Un voyage qui l’emmena à sortir de son corps pour se rendre dans ce fameux tunnel de lumière si accueillant et si lumineux dont on entend parfois parler. Un endroit où l’on est bien comme nulle part ailleurs et où l’on est, semble-t-il, accueilli par l'âme d'une personne importante pour nous, qu’il s’agisse de quelqu'un de connu et mort avant nous ou tout simplement d'une représentation du Dieu ou d'un symbole religieux en lequel on croit lorsqu'on y croit.

Dans son cas, ce fut son autre grand-mère qu’elle aimait tant et qui, malheureusement, était décédée deux ans auparavant. C’est elle qui la reçut avec plus d’amour qu'elle n'en avait jamais ressenti dans toute sa vie. Après le doux moment des retrouvailles dans cet espace de bien-être absolu, sa grand-mère l’informa que le temps n’était pas encore venu pour elle de mourir, que sa vie n’était pas terminée et elle la renvoya immédiatement dans son corps, au fond de cette piscine. Et c'est sous le choc, avec ce mélange d'émerveillement, mais également de confusion et d'incompréhension qu'elle refit surface dans la piscine, probablement de nombreuses minutes après sa noyade, comme si elle avait été poussée à remonter vers la surface.

Marquée par cette expérience qu'elle ne pouvait réellement s'expliquer ou comprendre du haut de ses huit ans, elle passa les années suivantes à croire qu'elle avait été punie. Elle avait dû faire quelque chose de mal et de grave pour que sa grand-mère qu'elle aimait tant lui interdise de demeurer avec elle dans ce monde de lumière et d'amour infini auquel elle avait goûté un bref instant. N'ayant pas les connaissances pour saisir ce qui lui était arrivé, son entourage ne fut pas non plus en mesure de lui apporter une interprétation meilleure pour l'apaiser. Elle fit donc comme le font si bien les enfants en se punissant eux-même et s'isola dans un monde rempli de cauchemars, d’hallucinations et de peurs de toutes sortes qui, en très peu de temps, finirent par affecter sa santé mentalement et physiquement.

Ce fut seulement de nombreuses années plus tard que l'adulte qu’elle était devenue s’intéressa à réviser le grand drame de sa vie. Et à force de recherches d’informations et de nouvelles compréhensions plus adéquates, elle put enfin comprendre et remettre l'événement en perspective pour ce qu'il était tout simplement, c'est-à-dire une Expérience de mort imminente d’une grande beauté et remplie d'amour comme elles le sont toutes. À partir de ce moment-là, elle put enfin se libérer des fausses croyances fabriquées par la petite fille qu'elle avait été, fausses croyances qu'elle avait traînées toute sa vie jusque-là. Après toutes ces années de tourmente, de torture et d'incompréhension, elle put finalement s'épanouir et retrouver la santé à tous les points de vue et à tous les niveaux.

Et c'est grâce à cette réécriture de sa réalité qu'elle commença réellement à revivre, redevenant souriante et enjouée comme la petite fille qu'elle avait été savait si bien le faire avant cet événement. Elle comprit que c'est ce que sa grand-mère souhaitait elle aussi en la renvoyant dans son corps, lui offrant ainsi la possibilité de vivre une vie des plus complètes, riche d'expériences de toutes sortes et épanouie. Et cette métamorphose fut si incroyable qu'on dit même qu'elle trouva à donner un sens plus grand, voire une utilité à cette mort vécue dans son enfance. Entre autres, en accompagnant certains enfants en fin de vie vers le moment de leur propre fin terrestre, la mort de leur corps humain et leur retour à la lumière. Il y avait, semble-t-il, une connexion spécialement particulière entre elle et chacun d'eux.

«C'est une peine de mort que de mettre une fin à la vie. Mais cette mort n'est qu'une célébration, un couronnement de la vie. Elle n'est, en somme, que l'expiration d'une prochaine inspiration, d'un nouveau souffle, une prochaine vie.»
- St-Lambert

Olivier Turcotte
Thérapeute
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